Je mâappelle Yoan Jeandemange jâai 31 ans (đ) et jâhabite aux Carroz d’ArĂąches. Originaire de Cluses, jâai dĂ©cidĂ© de dĂ©mĂ©nager pour me rapprocher de la station oĂč je m’entraĂźne l’hiver et pour pouvoir profiter encore plus de nos magnifiques montagnes et de cadre de vie Ă©tĂ© comme hiver.
PassionnĂ© dâaviation depuis mon enfance, j’ai commencĂ© Ă piloter en aĂ©roclub Ă 16 ans. Je venais de finir mes Ă©tudes de pilote de ligne au dĂ©but de lâannĂ©e 2017. Mais en juillet 2017, jâai Ă©tĂ© victime dâun grave accident dâavion. BrĂ»lĂ© au 3Ăšme degrĂ© sur environ 50 % du corps, cela mâa valu lâamputation dâun bras, dâune jambe, et la perte de la vision dâun Ćil. Sâen suivent alors sept longs mois dâhospitalisation et une longue pĂ©riode de rĂ©Ă©ducation.
Encore dans le service de rĂ©animation Ă lâhĂŽpital de Lyon dĂ©but 2018 sans prothĂšse et tenant Ă peine debout sur une jambe, les Jeux Olympiques de PyeongChang sont Ă la tĂ©lĂ©vision et un dĂ©clic se produit.
« Le rĂȘve est lĂ , je veux reskier, moi aussi je veux gagner des mĂ©dailles comme nos champions !!! »
Durant ma pĂ©riode de rĂ©Ă©ducation dâun an et demi, je recommence le ski. Dâabord sur deux skis avec une prothĂšse spĂ©cifique Ottobock Procarve. Puis en 2021, pour les besoins de la compĂ©tition, je commence le ski sur une jambe, sur tapis dans un premier temps Ă Ski Indoor 4810 puis sur neige en Suisse en fĂ©vrier 2022. Commence alors un entraĂźnement intensif qui me permettra d’entrer en compĂ©tition sur le circuit coupe France la saison suivante !
Le ski alpin est un sport chronométré. Le but est de dévaler une piste le plus vite possible en slalomant dans un tracé matérialisé par des piquets plus ou moins espacés selon la discipline.
En ski alpin handisport, nous retrouvons les mĂȘmes disciplines Ă la diffĂ©rence qu’il y a 3 catĂ©gories distinctes : malvoyants, debout et assis. Il y a donc trois podiums par discipline. Les classifications sont faites selon le handicap. Un coefficient propre Ă chaque discipline est attribuĂ© par classification pour que ce soit le plus Ă©quitable possible.
Le coefficient est facile à distinguer. Il se trouve juste à cÎté du chronomÚtre à la télévision.
Personnellement, je skie sur une jambe et je suis donc dans la catĂ©gorie debout. Je suis classifiĂ© LW9-1 (hĂ©miplĂ©gique sĂ©vĂšre), ce qui signifie que pour le slalom gĂ©ant jâai un coefficient de 86 %. Câest-Ă -dire que pour 1 seconde rĂ©elle, seuls 86 centiĂšmes sont dĂ©comptĂ©s dans mon cas.
En coupe de France, nous prenons le dĂ©part dans 3 disciplines : le slalom gĂ©ant, le slalom spĂ©cial (ma prĂ©fĂ©rence đ) et le skicross.
Au niveau des disciplines internationales de ski alpin, nous pouvons retrouver le slalom géant et le slalom spécial qui sont des épreuves techniques, auxquelles se rajoutent 2 autres disciplines de vitesse : le super-G et la descente.
Le ski procure des sensations de glisse et de vitesse inĂ©galables et nous avons la chance d’Ă©voluer dans un environnement extĂ©rieur vraiment magnifique, la montagne. Je pense que je ne m’en lasserai jamais !
Le ski est ce qui m’a permis et me permet encore de me relever de l’accident. J’ai ainsi retrouvĂ© un but et des objectifs dans la vie. C’est le moyen que j’ai trouvĂ© pour m’exprimer et c’est ce qui me permet de me dĂ©passer chaque jour.
J’adore aussi la complexitĂ© et la technicitĂ© du ski. Tant au niveau du matĂ©riel, du type de neige, de la variĂ©tĂ© des pistes ou des tracĂ©s ou encore de la variĂ©tĂ© des pratiques, sur piste ou hors-piste, en compĂ©tition ou en loisir, il y en a vraiment pour tous les goĂ»ts !
J’aime par-dessus tout le slalom spĂ©cial. J’adore cette discipline car c’est trĂšs rythmĂ© et intense. Aussi bizarre que cela puisse paraĂźtre j’aime aussi l’impact avec les piquets. C’est un peu violent sur une jambe parce qu’on prend des chocs un peu partout sur le corps notamment sur la tĂȘte et sur les bras mais heureusement, les protections sont lĂ !
Mes parents pratiquant le ski c’est tout naturellement que je dĂ©bute ce sport Ă l’Ăąge de 3 ans.
AprĂšs mon accident, j’ai tout de suite voulu remonter sur les skis mais j’avais besoin de plus, de relever des dĂ©fis et de me confronter Ă d’autres personnes. C’est pour cette raison que j’ai commencĂ© la compĂ©tition en handisport la saison derniĂšre (2021/2022).
Cela implique une grande prĂ©paration Ă©tĂ© comme hiver. Je m’entraĂźne tout l’hiver aux Carroz avec le ski club mais aussi hors saison en stage sur glacier ou sur tapis.
Ce sport nĂ©cessite une bonne prĂ©paration physique en salle mais aussi mentale. Un prĂ©parateur mental me suit et mâaide toute lâannĂ©e.
Jâai commencĂ© les courses depuis peu de temps donc je nâai pas un grand palmarĂšs sportif. Mais jâai rĂ©ussi Ă obtenir la 3Ăšme place en slalom de Coupe de France des Clubs Delta Ă Prapoutel Les 7 Laux.
Il Ă©tait important pour moi d’avoir le soutien d’une entreprise locale qui s’investit sur des Ă©vĂ©nements sportifs locaux et dont je partage les valeurs. La Team AthlĂštes ATMB me permet aussi de rencontrer et d’Ă©changer avec d’autres athlĂštes passionnĂ©s et qui pratiquent des sports diffĂ©rents du mien. C’est Ă©galement pour moi le moyen de promouvoir et dĂ©mocratiser lâhandisport.
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