En 1857, l’année où la première possédée de Morzine apparaît, le village comptait environ 2 200 habitants. À cette époque, les Morzinois étaient essentiellement des paysans et vivaient des produits de leurs petites exploitations. Ils vivaient en autarcie. Dans ce village, les femmes, essentiellement, vivaient à l’écart du monde. Aussi, tous les Morzinois étaient catholiques pratiquants.
Activités à faire à Morzine :
L’histoire de ce village bascule en 1857, le 17 mars plus exactement. Ce jour-là, une jeune fille prénommée Péronne, âgée de 10 ans, se rend à l’école. Durant son trajet, elle est le témoin d’un grave accident. Une de ses camarades était tombée dans la rivière en crue. Rapidement, les sauveteurs s’empressèrent de la réanimer et de la réchauffer. Grâce à eux, la camarade de Péronne fut sauvée.
Pour autant, Péronne reste choquée du spectacle qu’elle venait de voir et n’arriva pas à l’oublier.
Soudain, elle ressentit des sensations inconnues dans son corps. Elle fut étrangement prise de spasmes, de convulsions et de soubresauts incontrôlés et irréguliers. Très vite, Péronne s’évanouit. Transportée chez elle, elle resta dans un état de léthargie.
Étrangement, ce phénomène réapparaît chez Péronne trois jours plus tard à l’église. Puis, le lendemain, elle fit à nouveau une crise à son domicile. Les jours suivants, elle continua à faire face à cet étrange phénomène…
Après chaque crise qu’elle fit, Péronne ne se souvenait de rien.
Quelques jours après la première crise de Péronne, Marie, une camarade avec qui elle garde les chèvres, est également victime des mêmes symptômes. Très vite, les deux jeunes filles multiplient les « crises ». De nature gentille et obéissante, les deux enfants devinrent violentes et se mirent à débiter des obscénités à tout-va.
Mais d’où venaient ces crises ? Pourquoi ses deux jeunes filles étaient touchées ?
Péronne et Marie finirent par avouer. Une vieille femme des Gets, un village non loin de Morzine, les avaient touchées à l’épaule. Depuis ce contact, elles se disaient habitées de trois démons : l’Avare, le Voleur et le Bûcheron.
Mais ces phénomènes étranges ne s’arrêtèrent pas aux deux jeunes filles. Bientôt, toutes les fillettes de l’école de Saint-Vincent firent des crises similaires. Toutes se disaient tourmentées par des démons. Les sœurs n’ont d’autres recours que de se signer en permanence pendant les manifestations des démons, qui ont une furieuse tendance à se multiplier au sein de leur institution.
Presque deux mois après la première crise de Péronne, l’épidémie prend encore de l’ampleur. Le jour de la fête de l’Assomption, d’autres jeunes femmes firent des crises. En effet, la grand-messe du 15 août fut le théâtre d’un énorme raffut de démons par possédées interposées.
Face à ses nombreuses convulsions, le docteur Buet, seul médecin du coin, ne sût plus où donner de la tête. Complétement dépassé, il fit appel aux autorités sardes. Ces dernières délèguent sur place des carabiniers et le docteur Tavernier de Thonon.
Le docteur Tavernier rejeta l’idée de possession.
Les Morziniens s’opposent à ce diagnostic. Pour eux, ces jeunes filles et ces femmes sont possédées ! D’ailleurs, Julienne Pérot, une vieille femme prophétesse à ses heures, déclara que tout le village « y passerait ».
Malgré les interdictions de l’évêque d’Annecy, Monseigneur Rendu, le curé de Morzine, continua et multiplia les exorcismes.
Très vite, Morzine compta une bonne cinquantaine de possédés.
En avril 1861, Morzine compte jusqu’à 200 cas de possession.
L’inspecteur général des asiles d’aliénés confirme alors le diagnostic de contagion mentale.
Il décida de remplacer le clergé local et arriva à ses fins grâce à l’aide d’une soixantaine de militaires. L’effet fut sans doute dissuasif à Morzine, car à la suite de ce changement, le nombre de cas des possédées diminua.
En 1863, l’affaire semblait réglée.
Cependant, une nouvelle vague d’hystérie vit le jour un an plus tard. Le 4 mai 1864, l’évêque d’Annecy se rendit à Morzine pour la messe de confirmation des premiers communiants. Sa présence suscita de nouvelles crises chez les femmes.
Une lettre du sous-préfet de Thonon adressée au préfet de la Haute-Savoie et datée du 4 mai 1864 est particulièrement éloquente sur l’état de la situation..
« Le brigadier Fourcade s’est distingué : il souffre de nombreuses blessures occasionnées en voulant secourir l’évêque. Il y a 120 ou 130 malades. Des jeunes filles guéries depuis cinq ans n’ont pu supporter cet effrayant spectacle et sont de nouveau atteintes ; trois enfants de 5 et 6 ans sont tombés en crise (…). C’est l’éducation morale de la commune qu’il faut refaire, en même temps que l’on devra appliquer des mesures rigoureuses. Il faut couper net l’influence religieuse. Les exercices religieux, les cérémonies, tout ce qui se rattache d’un point de vue moral ou matériel, la vue d’un prêtre, le son des cloches, sont des causes qui déterminent presque exclusivement les accès des malades. »
D’individuelles, les crises sont à travers le temps, devenues collectives…
L’étrange affaire des possédés de Morzine, a duré environ 13 ans. Plusieurs dizaines de femmes prisent de convulsions, d’hallucinations se disaient en possession du diable… Une étrange histoire qui, à une époque où la psychiatrie n’était pas celle que nous connaissons aujourd’hui, faisait du bruit. De nombreuses revues en ont parlé.
En 1870 et 1873, deux dernières agitations furent constatées au village. Puis, Morzine redevint un village normal où le calme revint comme si de rien n’était.
Pour vous rendre à Morzine depuis Chamonix, prenez l’A40 puis la sortie n°19 Cluses. Avant de découvrir le village et son histoire, n’oubliez pas de consulter l’info trafic.
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