Des pages jaunies par le temps semblent flotter dans l’air et atterrir devant nous.
Henriette d’Angeville s’adresse Ă nous : « NĂ©e dans les hautes montagnes du dĂ©partement de l’Ain, habituĂ©e dès ma jeunesse aux longues courses Ă travers monts et vaux, douĂ©e d’une forte santĂ© et d’une grande force de volontĂ©, j’ai moins de mĂ©rite que tout autre Ă avoir entrepris et rĂ©ussi vingt-cinq ascensions.
Ce qui me décida à celle du Mont Blanc, c’est la facilité avec laquelle j’avais fait les précédentes… »
Le saviez-vous ?
Vous pouvez dĂ©couvrir la tenue que portait Henriette d’Angeville lors de son ascension au musĂ©e alpin de Chamonix.
NĂ©e en 1794 et dĂ©cĂ©dĂ©e en 1871, Henriette d’Angeville n’est pas simplement une « fiancĂ©e du Mont Blanc », comme on l’a trop souvent appelĂ©e. Cette expression romantique l’a desservie. Elle n’Ă©tait pas une hĂ©roĂŻne de roman, mais une femme d’action.
Après la RĂ©volution française, qui a vu son grand-père guillotinĂ© et son père emprisonnĂ©, elle s’est installĂ©e en Bugey. Le Mont Blanc devient alors son horizon.
Dès lors, il n’est plus seulement un sommet lointain, il devient son but. Elle le gravit en 1838, accompagnée de douze guides et porteurs.
L’info en plus :
Ă€ 44 ans, Henriette d’Angeville est la deuxième femme Ă atteindre ce sommet, mais la première vĂ©ritable alpiniste. Marie Paradis, la première Ă avoir atteint le sommet trente ans plus tĂ´t, la reconnaĂ®t comme telle : « Je vous considère comme la première vĂ©ritable femme alpiniste. »
Quel dĂ©sir a poussĂ© Henriette d’Angeville Ă gravir le GĂ©ant ? Depuis Genève, la vue du Mont Blanc provoquait en elle des sensations physiques : « Le cĹ“ur me battait violemment, ma respiration devenait gĂŞnĂ©e, de profonds soupirs s’échappaient de ma poitrine. Je me sentais une envie d’escalader si ardente qu’elle imprimait un mouvement relatif Ă mes pieds… » Ce sommet, elle l’aimait. Comme une femme peut aimer une montagne. MalgrĂ© les inquiĂ©tudes de son entourage, elle a tenu bon. « Vouloir, c’est pouvoir ! » VoilĂ son credo. Elle refusait les sentiers battus du tourisme classique et rejetait la mode des voyages en Suisse, Ă Rome ou Ă Venise.
L’idĂ©e fĂ©ministe n’existe pas encore en 1838, mais sa dĂ©marche l’est sans doute. Henriette d’Angeville grimpait en tant que femme, non par revanche contre les hommes, mais parce que « la manière de voir et de sentir des femmes diffère parfois beaucoup de celle des hommes. »
Elle a Ă©galement prit des notes sur son pouls, sur la rarĂ©faction de l’air, et a collectĂ© des minĂ©raux. Mais Henriette d’Angeville n’Ă©tait pas une scientifique, elle grimpait avant tout pour le plaisir et la dĂ©couverte.
« Qu’on ne rit pas de ce musée invisible mais bien réel que je me suis formé. La beauté, qu’elle existe pour les personnes ou pour les choses me saisit si agréablement qu’elle ne s’efface jamais de mon souvenir, et que je puis, en évoquant tel ou tel tableau, longtemps après qu’il m’a frappé, le revoir avec tous ces détails. »
Henriette d’Angeville Ă©tait capable d’apprĂ©cier chaque instant et de le figer dans son esprit, Ă la manière de Faust murmurant Ă l’instant qui passe : « Attarde-toi, tu es si beau. »
Elle ne voyait pas les Alpes avec les yeux des romantiques. Pas de paysages sublimes reflĂ©tant ses tourments. Elle montait parce qu’elle voulait monter, tout simplement. « J’engage tous ceux qui ont le temps, le vouloir, les forces physiques et les Ă©cus nĂ©cessaires pour une pareille course, Ă l’entreprendre sans autre but que celui d’aller admirer l’un des plus beaux spectacles que Dieu ait crĂ©Ă©s. »
Pour dĂ©couvrir l’histoire d’Henriette d’Angeville au musĂ©e alpin de Chamonix prenez la RN205 direction Chamonix. Pour prĂ©parer votre voyage, n’oubliez pas de consulter l’info trafic.
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