Le chénopode bon-henri, Chenopodium bonus-henricus en latin, se développe sur des sols enrichis par la matière organique déposée par les troupeaux, absorbant des nitrates ainsi présents. Il affectionne donc les reposoirs à bestiaux, pousse aux abords des chalets d’alpage et des bergeries, comme l’ortie, plante déjà présentée par la professionnelle ou encore le rumex. Émilie Micard, accompagnatrice en montagne et passionnée de plantes, a choisi l’alpage d’Ajon, un site propice à la présence de cet épinard sauvage pour le découvrir. L’activité pastorale séculaire de l’alpage, situé à 1 400 m d’altitude, entre Onnion et Bogève, a doté le site d’un patrimoine religieux d’origine paysanne, lui donnant aussi la fonction de lieu de pèlerinage. Les pèlerins se rendent sur le sentier qui mène à la pointe de Miribel, pourvu d’un chemin de croix. Ce patrimoine religieux, datant de 1827, a été taillé dans des blocs de marbre rouge par un paysan local.
Le chénopode bon-henri fait partie de la famille des chénopodiacées, ces plantes sauvages définies comme des végétaux envahissants les terrains délaissés, frais et riches en matière organique. Cette plante herbacée, vivace, pousse sur une tige dressée, épaisse, mesurant entre 20 et 70 cm de haut. Elle a des feuilles caractéristiques, dotées d’un long pétiole*, et en forme de fer de flèche qui sont légèrement ondulées sur les bords. L’envers de la feuille est caractéristique du chénopode bon-henri avec un aspect farineux au toucher.
L’inflorescence* de cette plante comestible est formée de petits épis à la naissance des feuilles supérieures et d’un épi sommital, brunâtres. Elle s’épanouit de juin à septembre. Les fleurs, très petites, sont composées de cinq sépales* qui englobent la future graine. Cette graine, à maturité, est noire.
La récolte du chénopode bon-henri s’effectue principalement au printemps, à l’aide d’un ciseau, lorsque les pousses sont encore jeunes. Plus tard dans la saison, elles deviennent plus dures et amères. En été, il est donc préférable de prélever les jeunes feuilles. Le lieu de cueillette doit être choisi à l’écart des chemins, bien que la plante affectionne les terrains incultes, et à l’écart des lieux où les bêtes sont trop récemment passées. Cette plante annuelle, bio-indicatrice, offre des informations précieuses sur le milieu dans lequel elle se développe, notamment le sol. Il est donc essentiel, lors de la cueillette, de bien connaître le milieu de croissance de la plante pour déterminer l’endroit approprié où la trouver.
Reconnu comme succédané de l’épinard, le chénopode bon-henri est riche en fer donc efficace contre l’anémie. Sa richesse en acide oxalique lui a aussi donné un autre nom usuel, l’Oseille de Tours. Comme toutes les bonnes choses, il ne faut pas abuser du chénopode bon-henri car il peut provoquer, à forte dose, des calculs rénaux, surtout si le consommateur a des problèmes de rein. Il est aussi déconseillé aux personnes qui souffrent d’arthrite et de rhumatisme. Toujours comme l’épinard, le chénopode bon-henri est émollient* et laxatif. Il est aussi une source de vitamine C.
« L’épinard sauvage un des meilleurs légumes sauvages en montagne »
décrit Émilie Micard.
Le roi Henri IV était également de cet avis. Il lui a ainsi donné son nom, appréciant cette plante herbacée dans la fameuse poule au pot. Les feuilles sont donc la principale consommation reconnue. Elles sont cuites dès la cueillette et s’accommodent comme l’épinard. Les graines peuvent être utilisées pour réaliser des biscuits ou être consommées, cuites dans plusieurs eaux, comme pour le quinoa. Les jeunes feuilles du chénopode bon-henri révéleront toute leur finesse, cuisinées en tortilla.
PrĂ©paration : 10 mn – Cuisson : 20 mn – DifficultĂ© : facile
Afin de réaliser cette recette, vous aurez besoin de :
7. Faites cuire à feu très doux durant 15 minutes. Avec une spatule en bois, ramenez les œufs du bord vers le centre quand ils commencent à prendre tout en inclinant de temps en temps la poêle pour répartir les œufs encore liquides. Ajoutez de l’huile d’olive si nécessaire.
8. Ajoutez ensuite les feuilles de chénopode bon-henri et mélangez. Poursuivez la cuisson 3 minutes.
9. Retournez la tortilla à l’aide d’un plat et faites cuire encore deux minutes.
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©atmb_vivreenhautesavoie
Bonne dégustation !
Pour aller cueillir le chĂ©nopode dans l’alpage d’Ajon, prenez la sortie n°19 Cluses de l’A40 si vous venez de Chamonix, ou la sortie n°15 VallĂ©e Verte si vous venez de Genève ou Mâcon. Avant de partir, n’oubliez pas de consulter l’info trafic.
* DĂ©finition : Voir Lexique des Plantes
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